À propos
@vutheara
Je suis né en Algérie et arrivé en France à l’âge de 15 ans, le cœur chargé d’ombres et de souvenirs en transit. La photographie ne m’est pas venue comme une passion, mais comme une nécessité. Elle s’est imposée à moi comme une boussole fragile dans le tumulte, un moyen de défier la réalité, de l’adoucir, de l’habiter autrement. Mon premier contact avec un appareil remonte à l’enfance, dans les gestes silencieux de mon père, à travers les images qu’il capturait comme on garde en soi la mémoire d’un monde en fuite.
C’est à Paris, au milieu des lignes tendues et des courbes muettes de l’architecture, que j’ai compris le pouvoir du cadre. Dans cet ordre imposé par la ville, j’ai vu une illusion d’équilibre — une manière d’organiser le chaos, de lui donner une forme. Le cadre est devenu mon refuge. Un lieu suspendu, où je pouvais reconstruire un monde plus lent, plus simple, plus respirable.
Peu à peu, mon regard a quitté les bâtiments pour se poser sur les visages. Dans la rue, je photographie des inconnus aux regards familiers, porteurs d’une tristesse muette qui résonne en moi. Ces silences partagés m’apaisent. Ils me rappellent que je ne suis pas seul à marcher sans carte, à chercher un lieu où être. La photographie, pour moi, est un langage intérieur, un poème visuel où se mêlent l’absence, l’espoir, le chagrin, et la douceur.
Racines, Margueritte 2023
Je suis autodidacte. J’ai appris à voir dans les reflets, les brouillards, les lueurs incertaines. Sous la pluie, dans l’épaisseur du petit matin ou l’ombre des nuits sans sommeil, j’ai laissé la ville m’enseigner la patience. Inspiré par l’espoir qu’un jour je trouverai ma place, je cherche l’invisible, le fragile, le presque rien. Je crois que la beauté est discrète, qu’elle vit dans les marges, dans les instants que personne ne regarde.
Aujourd’hui, je poursuis ce chemin à travers la photographie comme on poursuit une prière ou un rêve. Porté par ma double culture, j’essaie de capter la poésie du quotidien. À travers mes images, je ne cherche pas seulement à raconter mon histoire, mais à ouvrir un espace où d’autres puissent se reconnaître. Un lieu serein, poétique, pour continuer à exister — et à rêver.
Expositions